par Olive Booger
Il eut été bien trop facile pour nous de faire la présentation du présent ouvrage aussi, nous plierons ici à l'exercice périlleux de reproduire l'article des Inrockuptibles paru à son sujet.
Manga(ge)nèse
Pas deux comme Booger pour nous dégoûter de la médiocrité. Médiocrité, hélas, pauvre Yorrick, qu'éliraient assurément comme devise, s'il leur venait jamais l'idée de s'assembler en cénacle, les plus représentatifs jocrisses bavant d'inanité sur la scène littéraire actuelle.
Heureusement -doit-on en louer ses anges gardiens berbolgruistes ?- Olive Booger n'a oncques fait mine de goûter à ce pain (noir)-là. Aussi, lorsqu'il s'en prend à la B.D. de genre, ne redoutons-nous pas (et à raison !) qu'il n'ait jusque là échappé à Charybde-le-Roué que pour aujourd'hui sombrer de plus belle dans le gosier vorace de Scylla-l'Attila !
A en juger par la lecture de cet ouvrage, c'est bien simple : n'eût-il pas été français (du moins strasbourgeois), le dénommé Booger eût pu sans ridicule aucun prétendre à la nationalité nipponne. Sans rire. Témoins : sa majestueuse concision - la pureté de ses lignes - sa taille, enfin.
Irréfutables qualités, auxquelles il convient toutefois de n'attacher trop d'importance. Car si Booger ne se contente pas d'être un dépressif de génie, il ne tire non plus aucune vaine satisfaction de parfois ne pas l'être.
Dans sa jeunesse, son sentiment aigu de l'implacable solitude qui pèse sur nous tous lui avait fourni le sujet d'un fort poignant drame shakespearien. (Le lecteur averti aura relevé l'allusion faite au récit des amours contrariées de Saltie Booger, déjection nasale qu'une inamovible cloison sépare de son dulciné).
Booger, ayant peaufiné son art sous l'égide de sa crotte de nez éponyme, se livre, dans le présent opus, à un éloge de la folie - dont la rare intensité nous engage à invoquer les mânes d'un Musil, d'un Céline.
En un mot, une gifle péremptoire assénée aux pisse-froid, aux songe-creux. Pas vulgaire et très bath.
Lucien Weil-Weil