Petit Rien
par Serge Zafra & Benjamin Pelletier
Les éditions de Inuites n’ont qu’à bien se tenir et peuvent d’ores et déjà aller se rhabiller en rangeant leur vieux pervers sénile de Robbe-Mitée dans une valise en carton. Les éditions Fayot n’ont plus que quelques semaines pour ranger les fanstasminus de l’érotonaniste Wellback dans les hangars d’invendus – dernier purgatoire avant le pilon salvateur. Et nous ne parlerons même pas des malheureux éditeurs au bord de la faillite des partouzades à bobos de Cacatepine M., ni même des neurasthéniques publicateurs des auto-frictions légèrement parfumées au jus de Cordum de Christine Engoule.
Oui, les grands éditueurs parisiens n’ont plus qu’à se pendre avec le cordon nombrilical de leur écriveurs qui jaculent un livre chaque fois qu’ils se touchent ou se font toucher ou pensent qu’on pourrait leur toucher le pissou ; le grand penseur sexuel de ce début de siècle n’est pas dans leurs écuries mais dans les antichambres moites et séminales du Berbolgru !
Beaucoup connaissent déjà Benjamin Zafra soit de réputation, soit pour avoir déjà au moins une fois partagé sa couche, ou le pied de sa couche ; plus nombreux encore sont les adeptes de ses inventions sexuelles sans savoir que c’est le cerveau caverneux et turgescent de ce dernier qui les a érigées. Quelle doit être votre surprise d’apprendre en ces lignes qu’il est le découvreur de la position dite « de l’énarque », ingénieur de la couche enculeuse et surtout l’initiateur de cette préférence qui se révèle de plus en plus en vogue : la pédophile-philie, qui consiste bien entendu à faire l’amour avec des pédophiles.
Benjamin Zafra a décidé de laisser une trace en ce bas monde autre que ces précipités saumâtres qui émaillent les rideaux du théâtre de l’intime, il a décidé d’essuyer sa pensée sur le papier hygiénique de la poésie et pour ce faire, il a choisi le Berbolgru. Petit Rien en constitue le premier opus en vers libres, et quel opus ! Opuscule, s’il en est. Entre deux envolées lyriques sur le développement durable, Zafra semble nous susurrer sensuellement à l’oreille, à la manière d’un Jean-Paul Sartre de l’an 2000 mais en moins moche, moins ennuyeux et avec cet inimitable accent des petits terroirs du grand Ouest : « L’urbanisme est une pédophilie. »